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Simon et son double IA
L’IA au bureau, à quoi ça sert concrètement ? Chez BlaBlaCar, l’IA générative est devenue un outil du quotidien. Simon Rimbert, Pr…
jeudi 4 décembre 2025
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Apple a compris que la valeur ne se limite pas à un produit, aussi brillant et désirable soit-il, mais englobe l’ensemble de l’expérience vécue par le client avant, pendant et après l’achat.
Le rituel du déballage en est un exemple frappant. Minimalisme visuel, matériaux premium, toucher doux du carton, ouverture contrôlée, bruit feutré du glissement du couvercle… tout a été pensé pour transformer ce geste banal en expérience sensorielle. Ce que les Anglo-Saxons appellent « unboxing » devient une mise en scène qui reflète la philosophie Apple : design épuré, qualité, attention aux détails.
Les Apple Stores incarnent une autre dimension de cette logique. Leur architecture ouverte, baignée de lumière naturelle, invite à la découverte. On n’y fait pas qu’acheter : on s’immerge dans l’univers de la marque, on apprend, on teste, on participe à des ateliers Today at Apple.
Un concurrent peut copier une fonctionnalité ou même l’esthétique de l’iPhone. Mais reproduire la somme d’émotions, de symboles et d’interactions qui entourent chaque étape du parcours client Apple reste un défi presque impossible.
Depuis ses débuts, Apple raconte une histoire qui inspire et fédère.
La publicité « 1984 », réalisée par Ridley Scott, présente le Macintosh comme une libération face au conformisme d’IBM, posant les bases du « why » d’Apple : défier le statu quo, libérer la créativité, rendre le pouvoir aux individus.
Le manifeste « Think Different » ? En 1997, il célèbre les iconoclastes et les visionnaires, associant Apple au courage de « ceux qui voient les choses autrement ».
Plus récemment, les campagnes de publicité sur la confidentialité ou la durabilité visent à positionner la marque à la pomme comme un acteur engagé.
Steve Jobs incarnait cette narration, transformant chacune de ses « Keynote » en événement culturel. Aujourd’hui encore, ce récit agit comme ciment émotionnel : acheter Apple, c’est adhérer à une vision où la technologie sert la liberté et l’expression personnelle. Il attire aussi les talents, qui rejoignent une mission porteuse de sens plus qu’une simple entreprise.
Apple a bâti au fil des années un écosystème intégré d’une remarquable cohérence. iPhone, Mac, iPad, Apple Watch, AirPods… tous ces produits interagissent sans friction. Cela crée une valeur cumulative : plus on utilise de produits Apple, plus l’expérience devient fluide et complète.
Cet écosystème repose aussi sur des partenariats stratégiques – développeurs, institutions financières avec Apple Pay, industrie musicale avec iTunes puis Apple Music – et sur une communauté d’utilisateurs engagés, ambassadeurs de la marque.
L’univers d’Apple est souvent qualifié de « fermé » car il limite la compatibilité avec des solutions tierces et impose des règles strictes aux développeurs. Cela est présenté comme un gage de qualité et de sécurité par Apple, mais perçu comme une stratégie d’enfermement des utilisateurs (le « jardin clos ») par certains.
Quoi qu’il en soit, le « cas Apple » montre que, face à la copiabilité généralisée, la véritable défense ne réside pas seulement dans la technologie et les brevets, mais dans des atouts intangibles. L’innovation technique donne de l’avance mais peut être imitée – et de plus en plus vite. Alors que l’alchimie entre expérience, récit de marque et écosystème, elle, reste inimitable.