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mercredi 1 octobre 2025

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La promesse d’une énergie infinie

Une source d’énergie inépuisable, propre, sans déchets radioactifs durables ni émissions de CO₂… Il y a quelques années encore, la fusion nucléaire relevait presque du mythe. Aujourd’hui, ce rêve scientifique pourrait devenir réalité, ouvrant la voie à un changement énergétique majeur.
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Au cœur du réacteur

Le cœur de cette révolution en devenir bat à Cadarache, en Provence. C’est là, à moins d’une heure de voiture de Marseille, que se construit le réacteur ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor).
Ce projet titanesque, fruit d’une coopération entre trente-cinq pays, a pour objectif de démontrer la faisabilité de la fusion nucléaire à grande échelle comme source d’électricité bas-carbone.
A la différence de la fission qui divise un atome lourd en deux atomes légers, et comme son nom l’indique, la fusion consiste à assembler deux noyaux d’hydrogène – comme dans le cœur des étoiles – pour former un noyau plus lourd, libérant une immense quantité d’énergie.
Pour y parvenir, il faut chauffer un gaz à plus de 150 millions de degrés, jusqu’à ce qu’il se transforme en plasma, « ce quatrième état de la matière ». ITER utilise un gigantesque aimant en forme de donut pour maintenir le plasma en lévitation, évitant tout contact avec les parois.
Le défi : maintenir ce « feu stellaire » suffisamment longtemps pour que la réaction produise dix fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
ITER ne vise donc pas à produire directement de l’électricité, mais un plasma de fusion maintenu, stable et puissant. Si cette prouesse est atteinte – ce ne sera pas le cas avant 2030 –, elle conduira à un futur réacteur de production d’électricité baptisé Demo.

 

Une énergie propre et presque illimitée

La fusion nucléaire ne produit pas de déchets hautement radioactifs et durables comme ceux issus de la fission actuelle, et ne présente pas de risque d’explosion nucléaire. Elle repose sur deux combustibles : le deutérium, présent en grandes quantités dans l’eau de mer, et le tritium, qui pourrait potentiellement être produit directement dans le réacteur.
Si les obstacles technologiques sont surmontés, la fusion pourrait fournir une énergie bas-carbone quasiment inépuisable, à un coût marginal faible.
Les implications sont gigantesques : baisse durable des prix de l’électricité, souveraineté énergétique pour les États, relocalisation possible des industries énergivores… Le potentiel économique est immense.

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Des défis colossaux

Nous n’en sommes pas là. Pour réaliser les promesses de la fusion nucléaire, plusieurs verrous doivent encore sauter : maintenir un plasma stable à 150 millions de degrés, développer des matériaux pour les parois du réacteur capables de résister aux neutrons puissants de la réaction, produire du tritium à grande échelle, et transformer les prototypes expérimentaux en réacteurs commerciaux d’ici 2040–2050.
Tout cela nécessitera des investissements massifs et une volonté politique forte.
Reste que dans un contexte de tensions sur les ressources énergétiques et d’urgence climatique, la fusion n’est plus une lointaine utopie. C’est un pari stratégique, fondé sur l’innovation technologique, que l’Humanité ne peut plus se permettre d’ignorer.
 

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